Une force trop souvent invisibilisée

Le travail des conjointes

Posté le 10 août 2022
Le métier d’agriculteur n’en est pas un qui est aussi traditionnellement masculin qu’on le pense. Bien que l’on ait tendance à percevoir l’agriculture comme un milieu d’hommes, il faut se rappeler que l’histoire de l’agriculture québécoise repose aussi sur le travail des épouses des agriculteurs, et ce, depuis toujours.
Catherine Dallaire, Agronome

La ferme familiale est prospère grâce au travail de tous… et toutes

Quand on parle de la ferme familiale québécoise, c’est bien entendu parce que ce sont des entreprises qui ont été bâties à la sueur des familles agricoles, hommes et femmes inclus. D’autant plus que le pourcentage d’entreprises agricoles démarrées par des femmes ne cesse d’augmenter chaque année; la place de ces dernières en agriculture est importante et leur apport indéniable. Le secteur agricole se distingue des autres secteurs d’emplois, parce qu’il inclut une dimension familiale et relationnelle qui lui est souvent centrale, ce qui est rarement le cas des autres métiers. Il est rare que notre vie amoureuse, familiale et notre source de revenus soient aussi entremêlées que sur une ferme familiale.

Une invisibilisation qui coûte cher aux femmes

« 33 % des conjointes de producteurs agricoles travaillent dans l’entreprise de leur conjoint, à temps plein, ou partiel, et n’ont aucune rémunération, soit en salaire ou en parts de l’entreprise. » C’est là que se cache le problème. Il y a de nombreuses femmes dont le travail n’est officiellement inscrit nulle part. Les conjointes d’agriculteurs, formant des accords verbaux basés sur la bonne foi, ne possèdent souvent pas de parts officielles de l’entreprise. Leur travail, ni chiffré ni inscrit nulle part, est invisible aux yeux de la société.

Le fait que les femmes ne déclarent pas de salaire officiel compromet leur accès à des gains fiscaux et à des programmes financiers qui sont vitaux, comme le Régime des rentes du Québec ou le Régime québécois d’assurance parentale. Sans facilement pouvoir contrôler la rémunération des conjointes directement, le travail des femmes doit au minimum être chiffré et reconnu socialement. Le travail des conjointes ne peut rester invisible aux yeux de la société, parce que sans leur apport, nos frigos seraient vides depuis longtemps.

Sources :

agricultrices.com
dimension-e.ca

Catherine Dallaire, Agronome